Les deux carrières présentes sur la commune de Beaulieu. Les CARRIERES FARRUSSENG et les CARRIERES PROROCH sont situés sur l’avenue de St Géniès, en sortant de Beaulieu, sur la droite.
Depuis 40 ans, ces deux carrières exploitent la pierre pour un marché essentiellement régional (Languedoc-Roussillon et Provence-Alpes Côte d’Azur). La production vendue se compose de blocs bruts d’extraction, ils font entre 3m3 et 4m3 donc avec une densité de 2000 kg/m3 ce sont des blocs de 6 tonnes et plus qui sortent de la carrière sur des semi-remorques, ces blocs alimentent les ateliers des tailleurs de pierre de la région.
D’ailleurs ce sont ces blocs et leur mode d’extraction qui donnent l’aspect si particulier de nos carrières, leur dimension quasi identique fait que nos « trous » de carrières ressemblent à des théâtres antiques.
Les carrières anciennes se situent sur cette vaste zone de garrigue, un plateau calcaire lieu dit le Regagnat qui englobe une partie des trois communes de Sussargues, Saint-Géniès-des-Mourgues et Beaulieu. En se promenant des pans du plateau sont entamés en marche d’escaliers, traces de l’extraction des « moellons », avec des dimensions régulières de 17cm x 17cm de côté. Dans d’autres anciennes carrières, on trouve des blocs appelés des « pieds cent », grandes pierres carrées d’un mètre de côté, des blocs de 2 tonnes !
Il faut mentionner ici que l’extraction jusqu’à très récemment était exclusivement manuelle. Les carriers, ouvriers spécialisés ou bien saisonniers effectuaient un dur labeur très pénible. Dans ces carrières sous les ardeurs du soleil qui redoublait sur la paroi éclatante de la roche tendre l’extraction d’un moellon ou cairon demandait une habilité et une grande efficacité pour être rentable. La tâche la plus ingrate était l’ouverture d’un trou, à partir de la surface, le rainurage de la roche à l’aide de l’escoude. La découpe des premiers cairons demandait un vrai tour de main. La face inférieure était obtenue en dernier lieu par arrachage, la base était ainsi légèrement plus large donnant une assise stable à la pierre. La face dévouée au parement, exposé à l’extérieur dans la construction, était égalisée grâce au taillan. Les grands blocs était détaché à l’aide de coins frappés avec une masse emmanché sur un long et souple manche fait en micocoulier. Ce travail sollicitait fortement le dos et pour soutenir leurs reins les carriers s’ornait la taille d’une longue bande de tissu, la taillole. Les ouvriers agricoles venaient travailler à la carrière durant la saison calme, ils y gagnaient ainsi trois fois plus qu’une journée à la vigne (d’où le regagné : regagnat). Mais la moindre erreur dans l’arrachage, dans la taille ou dans la qualité et le bloc n’était pas payé et finissait au rebut (le rassié). La découpe des blocs et le choix des veines pour extraire la pierre étaient affaire de spécialiste, il fallait avoir le sens de la pierre. L’extraction était soumise à l’octroi d’une concession auprès de la commune (actuellement les carrières en activité sont toujours des concessions communales). Le carrier avait le droit d’utiliser le rassié pour la construction de sa propre maison. Plus tard, le crocodile a fait son arrivée ! Cette grande scie trapézoïdale, venant du centre de la France ( ?) permettait d’attaquer le sciage de cette pierre tendre à la belle couleur coquille d’œuf. Le chargement des blocs se faisait à l’aide de corde et de poulie sur de grandes charrettes tirées par des chevaux lourds. L’activité était intense comme en témoigne les nombreuses traces laissées par les roues cerclées de fer des chariots et par les fers des sabots des solides chevaux qui menaient ces convois de pierre à Montpellier mais aussi à Sète où les pierres partaient de l’autre côté de la méditerranée. Ces voyages duraient plusieurs jours et ce sont des attelages de dix chevaux et plus qui parcouraient les routes alors poussiéreuses parmi les garrigues pelées par les moutons. Les conducteurs pouvaient trouver quelques repos en profitant du « fainéant », toile tendue en hamac sous le chariot.
La technique d’extraction a bien sûr évoluée, actuellement l’extraction se fait par «havage» en horizontal et en vertical, c’est une chaîne montée sur un guide dont les maillons équipés de pastilles en tungstène, «scie» la roche sur place. Cet ensemble, guide plus chaîne, coupe la pierre sur une hauteur de 140 à 170 cm.
Pour en revenir à la production, en complément de la vente de ces blocs bruts, les ateliers sur Beaulieu réalisent des produits finis : des piliers, des colonnes, margelles, bancs, fontaines, encadrement de porte, appuis de fenêtre, moellons, mur massif, placage…
Quelques chiffres, pour les deux carrières, le nombre d’emploi direct en moyenne 15 personnes, volume autorisé 18 000 m3/an, chiffre d’affaire environ 1 million d’euros/an.